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4j4 JOURNAL DE HENRI III.
Le duc de Guise met de ces prunes dans son drageoir, jette le demeurant sur le tapis. «Messieurs, dit-il, « qui en veut? » se levé, trousse son manteau, et met ses gants et son drageoir sur la main du même côté. « Adieu, dit-il, messieurs. » II heurte. Le sieur de Nambu lui ayant ouvert la porte, sort, tire et ferme la porte après soi. Le duc entre, salue ceux qui étoient en la chambre, qui se lèvent, le saluent en même-tems, et le suivent comme par respect. Mais ainsi qu'il est à deux pas près de la porte du vieux cabinet, prend sa barbe avec la main droite, et tourne le corps et la face à demi pour regarder ceux qui le sui voient, fut tout soudain saisi au bras par le sieur de Montsery l'aîné, qui étoit près de la cheminée, sur l'opinion qu'il eut que le duc voulut reculer pour se mettre en défense ; et tout d'un tems est par lui-même frappé d'un coup de poignard dans le sein, disant : «Ha! traître, tu en « mourras.» Et en même-tems le sieur des Effranats se jette à ses jambes, et le sieur de Saint-Malines lui porte par le derriere un grand coup de poignard près de la gorge dans la poitrine, et le sieur de Loignac un coup d'épée dans les reins. Le duc criant à tous ces coups : « Hé, mes amis! hé, mes amis! » Et lorsqu'il se sentit frappé d'un poignard sur le croupion par le sieur Sariac, il s'écria fort haut : « Misericorde ! » Et bien qu'il eût son épée engagée de son manteau, et les jambes saisies, il ne laissa pourtant pas ( tant il étoit puissant ! ) de les entraîner d'un bout de la chambre à l'autre, jusqu'aux pieds du lit du Roy, où il tomba.
Les dernieres paroles furent entendues par son frere le cardinal, n'y ayant qu'une muraille de cloison entre deux. «Ha, dit-il, on tue mon frere! » Et se voulant
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